Le monde d’avant
Le bilan d’activité 2019 du CHS met en valeur de nombreux projets aboutis, dont de nombreuses créations de services et structures. Toutes ces mesures prises par le CHS ainsi que l’augmentation globale de nos effectifs ne suffisent malheureusement pas à répondre à la demande croissante de la population. Mais aussi…
L’absentéisme (qui représente 8% du temps de travail global, soit 10 ETP) et la maladie continuent à s’aggraver au sein du personnel partout (pôles A, B, C, EHPAD) et services DRH en surcharge. Les DEI pour violence, surtout à Bécarre se multiplient.
Des lits font toujours défaut. 7% des admissions sont réadressées à la clinique privée de Dracy. Le « nomadisme » des patients s’aggrave : 147 mutations internes au pôle A, dont 1 patient a changé 6 X de lit en 15 jours. Le « parcours du patient » reste continu, mais ses soins relationnels se morcellent. Beaucoup de patients « résistants au traitement » ne peuvent être réhabilités et la durée moyenne d’hospitalisation augmente. Et, pendant ce temps, la nouvelle tarification prévue avant le COVID est maintenue, pénalisant les hospitalisations longues, méthode masquée pour supprimer des lits. Les effectifs (UISAM, ASH, médecins au A, Bécarre, EMP,…) sont toujours insuffisants. En extrahospitalier, la mise en place en pédopsychiatrie d’un 1er entretien infirmier n’a fait que déplacer la liste d’attente sur les suivis. Le pôle projette de transformer les CMP en structures de niveau 2 : à l’heure du « virage ambulatoire », les familles n’auront plus accès directement aux CMP. Virage ou dérapage ?
Le confinement
Tout le personnel, des ouvriers aux directeurs, s’est engagé activement pour maintenir le service public hospitalier et préserver les patients, nous l’avons déjà dit auparavant.
Pour avoir rempli nos missions, nous avons été applaudis, félicités, primés, et même parfois sur-primés. La pandémie est toujours là et, à l’entrée des vacances, nous sommes épuisés. Le déconfinement sanitaire n’est que partiel. La plupart d’entre nous ont réintégré leur unité, avec une charge de travail plus importante : les mesures de protection perdurent, les activités de soin en sont réduites et les patients sont tendus. Et c’est justement le moment choisi pour de grandes réorganisations à la hussarde.
Le monde d’après
A l’occasion de la pandémie et de la retraite d’une cheffe de pôle, les admissions sont remodelées dans la précipitation : 1 mois plein seulement (hors juillet-août) au personnel pour préparer ce projet : une unité d’entrée unique pour 6 jours (unique en France ?). Même la transformation accélérée de Topaze en hôpital de semaine avait pris 8 mois de préparation. Ce fut encore plus long pour le nouveau Jade et la MHPP. Cette précipitation engendre désorganisation et malaise dans toutes les catégories de personnel. Comme on pouvait le craindre, les dispositifs d’urgence mis efficacement en place pour lutter contre la pandémie constituent le prétexte à des restructurations de fond insuffisamment réfléchies.
Les professionnels de terrain, grands absents du groupe de travail, n’ont pas été concertés : aucun infirmier ou aide-soignant présent. Ceux de Topaze ne semblent pas avoir été informés, alors que des infirmiers de Topaze et d’Emeraude étaient intéressés à participer à ces travaux.
L’unité pour anxio-dépressifs, déplacée à Emeraude, travaillera nécessairement en mode dégradé, compte-tenu de l’augmentation du nombre des lits et du voisinage des lits d’addictologie qui nécessitent une prise en soins très différente. Il est aussi probable que les patients anxio-dépressifs désinvestissent cette unité au profit des cliniques privées.
La « plus-value de cette unité » dans l’organisation générale des soins psychiatriques reste très floue, d’autant que, malgré les indications d’orientation clinique, ce sont très souvent les critères organisationnels de l’UACH (lits vacants, étage ou RDC, chambre seule ou pas,…) qui l’emportent, du fait de la tension sur les lits… insuffisants. L’UPEO sera une étape de plus dans le parcours du patient, certes continu sur un plan administratif, mais discontinu sur le plan relationnel. Encore une fois, il s’agit en réalité de réduire les hospitalisations, mais il faudra toujours 2 mois pour un rendez-vous médical ou psychologique en CMP. On peut parier que, tout comme pour les CMP, le problème ne sera que déplacé en 2ème ligne, sur les pavillons de psychiatrie générale.
L’ARS est bien sûr le 1er responsable de ce manque de moyens.
Mais, lorsque nous dénonçons tout ceci dans les instances officielles, nos propos sont taxés de « polémiques, incorrects et malhonnêtes » et contredits tant par le directeur que la représentante de la CSIRMT, par ailleurs assistante de pôle. Manifestement, seuls nos décideurs détiennent la vérité. Tout le monde serait content et l’expression des personnels auprès de leur hiérarchie totalement libre…
D’autres changements sont en cours : CMP ouverts jusqu’à 18 H, (et bientôt le samedi ?) ; suppression de l’horaire M1 à l’ex-pôle B. Rien de tout ceci n’a été validé dans les instances avec les représentants du personnel.
Ni les soignants ni les patients ne sont des pions sur un jeu d’échecs !
Comme ce fut le cas pour l’hôpital de jour jeunes adultes, la MHPP, le transfert de la pédopsychiatrie mâconnaise, etc…, un projet de réorganisation des soins doit être concerté avec le personnel, avec l’ensemble des pôles et tous les services qui concourent aux admissions (urgences, UACH,…) et aux suivis.