Le discours social du Rassemblement National : réalité ou fiction ?

Mise en place des SALAIRES MINIMUMS en Europe

La directive, votée en septembre 2022, a pour objectif d’assurer un salaire « suf­fisant pour un niveau de vie décent ». Cette mesure devrait permettre de relever de 20 % en moyenne les salaires de 25 millions d’Européens, essentiellement dans les pays de l’Est – et réduire ainsi le dumping social entre les travailleurs au sein de l’Union. Mais le RN a voté contre, arguant notamment que cette mesure doit être compensée par des exonérations de cotisations sociales pour l’em­ployeur… soit un nouveau cadeau aux entreprises et des recettes en moins pour les caisses de la sécurité sociale pour financer les pensions de retraite, l’assu­rance maladie, les accidents du travail, les politiques familiales…

Encadrement de la RÉMUNÉRATION DES STAGIAIRES

Pour lutter contre l’exploitation des stagiaires partout en Europe, le Parlement européen a voté une directive fixant des normes minimales sur la durée des stages, la rémunération, l’accès à la protection sociale. Les stages devraient être rémunérés de manière à couvrir les besoins vitaux tels que l’alimentation, le logement et le transport selon le coût de la vie de chaque État membre. Pour le RN, qui a voté contre, c’est seulement aux employeurs « de cerner les besoins ».

Lutte contre les INÉGALITÉS SALARIALES entre hommes et femmes

En 2022, le Parlement européen a voté une directive pour renforcer l’égalité des rémuné­rations entre les sexes. Le Rassemblement national s’est abstenu. Une position a priori opportuniste alors qu’en 2020, les eurodéputés RN ont voté contre les mesures visant à faire reculer les inégalités femmes-hommes, consi­dérant qu’il n’est pas souhaitable de « conditionner la quasi-totalité des aides à l’UE à des actions favorisant l’égalité hommes-femmes ».

REVALORISATION des PERSONNELS SOIGNANTS

Pour améliorer les conditions de travail et favoriser le recrutement dans le sec­teur des soins, le Parlement a voté une recommandation visant l’ouverture de négociations pour améliorer les salaires et les conditions de travail, garantir des normes plus élevées en matière de santé et de sécurité au travail ; s’attaquer aux stéréotype de genre, ratifier et mettre en oeuvre la convention 189 de l’OIT (datant de 2011) consacrée à l’encadrement du travail domestique pour des conditions de travail décentes. Même pour cette recommandation, plutôt consensuelle, le RN a voté contre !

Renforcement du DIALOGUE SOCIAL dans les comités d’entreprises

Face à la concentration croissante des entreprises à l’échelle européenne, les syndicats ont poussé à favori­ser la démocratie au travail. Malgré l’opposition féroce du patronat, le Parlement a donné son feu vert pour consolider les droits des comités d’entreprise européens et les rendre effectifs. Plus à l’écoute des arguments de l’organisation patronale « BusinessEurope », les eurodéputés du RN s’y sont opposés, comme pour la résolution sur le renforcement du dialogue social en juin 2023.

Lutte contre les ABUS DES MULTINATIONALES

Pour mettre fin à l’impunité des multinationales, en 2021, le Parlement vote le devoir de vigilance. Ce texte vise à tenir responsables les multinationales en cas de violations des droits humains – comme le recours au travail forcé – ou des dé­tériorations environnementales perpétrés par leurs sous-traitants – pour les ma­tières premières par exemple – partout dans le monde. Seuls les eurodéputés d’extrême droite s’y sont opposés. Une position confirmée lors du vote d’une résolution sur la responsabilité environnementale des entreprises. Pour le RN, l’Europe n’a pas à « enfreindre » la souveraineté des États en leur fixant des objectifs contraignants.

SOUTIEN AUX MÉNAGES dans la transition énergétique

Le RN s’est opposé aux mesures du Pacte vert – même celles qui visaient à soutenir les classes moyennes et populaires. Les eurodé­putés RN ont ainsi voté contre le fonds social pour le climat, qui soutient les ménages souhaitant rénover leur logement, accéder à un véhicule électrique ou installer une pompe à chaleur par exemple. De même, les élus RN ont refusé de taxer les superprofits des géants du pétrole, du gaz et du charbon.

Construction de l’EUROPE SOCIALE

Il a fallu at­tendre la crise Covid pour que les 27 impulsent véritablement le projet d’Europe sociale. En 2021, ils se sont engagés sur des objectifs pour 2030 en matière d’emploi, de formation ou de pauvreté. La feuille de route, réitérée en 2023, souligne l’importance de la protection des droits sociaux qui doivent être placés au centre des politiques de l’UE et traités avec la même urgence que les aspects économiques et environ­nementaux. Alors qu’il prétend dans ses discours défendre les salariés, le RN a voté contre ces objectifs sociaux.

Protection des TRAVAILLEURS PRÉCAIRES

L’Union européenne a adopté une directive visant à réguler pour la première fois l’économie des plateformes et imposant la présomption de salariat permettant ainsi aux travailleurs de bénéficier des mêmes protections sociales que n’im­porte quel salarié. Comme sur de nombreux sujets – pourtant consensuels – portant sur les conditions de travail, le RN a voté contre. Même consigne de vote pour le rapport sur la santé mentale au travail et dans les lieux de travail. De même, les eurodéputés se sont abstenus sur le droit à la déconnexion ou pour protéger les travailleurs sur les risques d’exposition au plomb et ses composés.

La CGT veut une autre Europe, une Europe des peuples, pour que le contenu social, économique et écologique de la construction européenne réponde aux besoins et aspirations du monde du travail, sur la base de la coopéra­tion et de la solidarité, et non pas de la mise en concurrence généralisée comme c’est le cas actuellement.

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