Pendant la pandémie
Au début, nous avons manqué de masques, puisque le gouvernement pratiquait la gestion, alignée sur le secteur industriel, du 0 stock, moins onéreux. Ensuite, ce fut les masques périmés, heureusement conservés par notre établissement, puis des masques homologués.
En France, les soignants ont été 8 fois plus touchés par le COVID que l’ensemble des citoyens.
Mais, la psychiatrie s’est adaptée en se redéployant : Cellules d’Urgence Médico-Psychologiques, cellules d’écoute psychologique pour les citoyens, mais aussi pour les équipes, unité COVID et unité d’entrées unique (sas). Les patients anxio-dépressifs ont dû être renvoyés chez eux.
Avec le déconfinement partiel
Le gouvernement nous a accordé une nouvelle prime au mérite, la prime COVID. Mais les soignants vulnérables, ou dotés d’un conjoint ou d’un enfant vulnérable, empêchés de travailler, ne la toucheront pas, pas plus que leur « 13ème mois » : double peine.
Le décret pour classer le COVID en maladie professionnelle pour les hospitaliers n’est toujours pas paru, malgré une promesse vieille de 2 mois.
La pandémie représentera-t-elle l’occasion pour le gouvernement de poursuivre les restructurations ?
Le Ségur est une mascarade de dialogue social ; les organisations syndicales ont été interdites de déclaration lors de la séance d’ouverture. Même les psychiatres se plaignent. Le Président de la République n’a reçu que les médecins non-psychiatres le 14 mai. Les dossiers du Comité de Pilotage de la Psychiatrie, qui portent pourtant sur les budgets et financements, ont été distribués une semaine avant et seront finalisés en 2 heures !
Aujourd’hui comme avant le COVID
La durée de vie professionnelle d’une infirmière est de 8 ans. Elles doivent fréquemment changer de poste de travail la veille pour le lendemain ou revenir sur leurs congés, faute d’effectifs suffisants.
A Sevrey, nous manquons toujours de lits pour accueillir les patients, au point qu’il faut mettre en place une unité unique d’orientation et d’évaluation de 6 jours. Ou que les patients sont orientés dans les cliniques privées lucratives. Une fois sorti de l’hôpital, il faut 60 jours pour obtenir un RDV en CMP avec un psychiatre ou un psychologue.
Déjà avant le COVID, le gouvernement prévoyait une tarification dégressive : plus un patient reste longtemps, moins l’hôpital est rémunéré, une méthode masquée pour supprimer de nouveaux lits.
Nous craignons une pérennisation des entretiens téléphoniques, parce que moins coûteux, mais aussi moins confidentiels et beaucoup plus distants.
Et enfin
Au début de la pandémie, E. MACRON nous disait : « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ».
Assez de paroles. Nous voulons des actes.
Nous voulons soigner humainement, non pas d’abord en réduisant le coût des soins, mais avec des moyens à la hauteur des besoins.
Nous voulons vivre dignement de notre travail, être revalorisés sans « mobilité » ou flexibilité supplémentaires, et recevoir une formation initiale correcte à la psychiatrie.